Chaque année, les jardiniers, qu’ils soient amateurs ou confirmés, attendent avec une certaine impatience et un brin d’inquiétude le passage des Saints de Glace. Ces journées de froid avant lesquels mieux vaut éviter de planter les espèces les plus sensibles au gel.
Pourquoi cette période est-elle si importante ? Faut-il vraiment s’en méfier ? Et surtout : que peut-on planter avant, pendant et après ?
Voici un tour d’horizon clair et complet pour comprendre les Saints de Glace, leur origine, leur impact et leurs conséquences sur le jardinage.
Les Saints de Glace, c’est quoi exactement ?
Les Saints de Glace correspondent à une période bien précise du mois de mai — les 11, 12 et 13 mai — pendant laquelle on observe, certaines années, un retour soudain du froid ou des gelées nocturnes. Cette tradition, issue de l’observation des cycles météorologiques, conseille de ne pas planter trop tôt les végétaux sensibles, notamment les légumes d’été.
Autrement dit : même si le soleil brille en avril, mieux vaut ne pas trop se précipiter.
D’où vient cette appellation ?
Le nom de Saints de Glace fait référence à trois anciens Saints fêtés à la mi-mai dans le calendrier catholique :
- Saint Mamert (le 11 mai),
- Saint Pancrace (le 12 mai),
- Saint Servais (le 13 mai).
Ces Saints étaient associés à des épisodes de froid tardif. Avec le temps, les dictons populaires ont lié leur fête à une prudence météorologique : « Saint Servais, quand il est beau, tire Saint Médard de l’eau » ou encore « Attention, le premier des Saints de Glace, souvent tu en gardes la trace ».
Pourquoi parle-t-on parfois de 5 Saints de Glace ?
En plus des trois noms historiques, on entend parfois parler de deux autres Saints :
- Saint Boniface (le 14 mai),
- Sainte Sophie (le 15 mai), aussi appelée dans certaines régions « la Sainte Glace » ou « la froide Sophie ».
Ces deux noms ont été intégrés plus tardivement dans la tradition populaire, souvent pour renforcer l’idée que le risque de gelée pouvait durer jusqu’à la mi-mai.
Pourquoi cette période est-elle à risque ?
Les Saints de Glace ne sont pas une légende inventée de toutes pièces. En météorologie, le début du mois de mai peut encore connaître des baisses brutales de température, dues à des masses d’air froid venues du Nord. Ce phénomène est accentué dans les zones de campagne, en altitude ou dans des régions où les nuits sont encore fraîches.
Même si ces gelées sont de moins en moins fréquentes avec le réchauffement climatique, elles restent possibles, et peuvent faire beaucoup de dégâts au potager : tomates noircies, jeunes courgettes brûlées, géraniums flétris…
Pourquoi en mai, alors que le printemps est déjà là ?
C’est justement ce qui rend cette période trompeuse. En mai, tout semble prêt pour jardiner : les journées sont plus longues, les températures montent, la nature explose. Pourtant, le risque de gelées nocturnes persiste.
Le mois de mai est une période de transition. Le printemps est bien entamé, mais la météo reste instable. Des courants d’air froid peuvent encore descendre du nord de l’Europe, surtout quand le ciel est dégagé la nuit. Résultat : des gelées matinales peuvent survenir, même après des journées douces.
Ces gelées sont parfois brèves, mais elles suffisent à abîmer ou tuer les jeunes plants sensibles. Tant que les températures nocturnes ne sont pas stables, le jardinier doit rester prudent. Ce n’est qu’après la mi-mai que les risques diminuent vraiment dans la plupart des régions.
Quelles sont les dates des Saints de Glace en 2025 ?
Voici les dates à retenir :
Pour l’année 2025 :
- Saint Mamert : dimanche 11 mai
- Saint Pancrace : lundi 12 mai
- Saint Servais : mardi 13 mai
- Saint Boniface : mercredi 14 mai
- Sainte Sophie : jeudi 15 mai
Prévoyons déjà, quelles seront les dates des Saints de Glace en 2026 ?
Pour l’année 2026 :
- Saint Mamert : lundi 11 mai
- Saint Pancrace : mardi 12 mai
- Saint Servais : mercredi 13 mai
- Saint Boniface : jeudi 14 mai
- Sainte Sophie : vendredi 15 mai
Même si la météo ne suit pas toujours le calendrier, ces dates sont des repères utiles pour tous les jardiniers prudents.
Peut-on jardiner avant les Saints de Glace ?
Oui, mais avec précaution.
Voici quelques idées de plantations possibles avant les Saints de Glace :
- Les légumes résistants au froid : carottes, pois, navets, laitues, épinards, pommes de terre.
- Les fleurs rustiques et résistantes : pensées, pâquerettes, primevères, myosotis.
- Les herbes aromatiques : persil, ciboulette, thym, en godet ou à protéger si nécessaire.
Évitez en revanche les légumes d’été (tomates, courgettes, aubergines, basilic) ou les fleurs fragiles tant que le risque de gel n’est pas écarté.
Quelles régions sont concernées ?
La question qui se posent est : est-ce partout pareil ?
Les Saints de Glace ne touchent pas toutes les régions de la même façon.
Commençons par un tour d’horizon des pays limitrophes.
En Suisse
En Suisse, et surtout dans les zones alpines, les Saints de Glace sont très pris au sérieux. Le risque de gel persiste jusqu’à la mi-mai, voire au-delà en altitude. Les Suisses alémaniques utilisent le terme Eisheiligen (les saints glacés), et attendent souvent cette période pour installer les plants d’été.
En France
En France, les zones les plus sensibles sont :
- Le Nord et l’Est,
- Les régions montagneuses,
- Les zones rurales et peu urbanisées,
- Les plaines froides ou les vallées encaissées.
- Dans le sud de la France ou sur le littoral atlantique, le risque est souvent plus faible, mais il n’est pas inexistant.
En Belgique
La Belgique suit les mêmes dates que la France. Les jardiniers belges connaissent bien les 11, 12 et 13 mai, parfois étendus au 15 mai avec Sainte Sophie. Les dictons populaires sont aussi bien ancrés dans les régions rurales.
En Allemagne, Autriche et Europe centrale
Dans ces pays, les Saints de Glace sont une tradition bien ancrée. On parle souvent de cinq saints : Mamertus, Pancrace, Servatius, Boniface et la « Kalte Sophie » (Sophie la froide). Le phénomène est très suivi par les jardiniers, avec de nombreux proverbes liés aux gelées de mai.
Et ailleurs en Europe ? Une tradition partagée
Les Saints de Glace ne sont pas une spécificité française. D’autres pays d’Europe connaissent cette tradition, mais avec quelques variations :
Dans le Sud de l’Europe
En Espagne ou en Italie du Sud, cette période est beaucoup moins redoutée. Les gelées sont plus rares dès le mois d’avril. Mais dans les zones d’altitude ou dans certaines vallées, un dernier coup de froid peut toujours survenir.
Et plus au Nord ?
Dans les pays scandinaves, le printemps arrive plus tard. Il n’existe pas toujours de référence religieuse, mais les jardiniers attendent généralement fin mai même parfois début juin pour planter les cultures sensibles au froid.
Les plantations à faire après les Saints de Glace
Dès la semaine suivant les Saints de Glace, et une fois les températures stabilisées, vous pouvez :
- Planter les légumes d’été : tomates, courgettes, aubergines, poivrons, concombres.
- Repiquer le basilic, très sensible au froid.
- Installer les fleurs gélives : géraniums, pétunias, impatiens, bégonias.
- Rempoter ou sortir les plantes d’intérieur (comme les agrumes ou les plantes exotiques) si vous les avez rentrées à l’abri pour l’hiver.
- C’est aussi une excellente période pour semer directement en pleine terre les haricots verts, maïs doux, ou tournesols.
Quelques conseils pour jardiner en mai
Pour finir, voici quelques recommandations utiles à tous les jardiniers au mois de mai :
- Surveillez les prévisions météo, en particulier les températures nocturnes.
- En cas de doute, protégez les jeunes plants avec un voile d’hivernage ou une cloche.
- Arrosez tôt le matin ou en fin de journée, pour éviter l’évaporation trop rapide.
- Binez légèrement vos massifs pour bien aérer la terre.
- Désherbez régulièrement, surtout après la pluie.
Et surtout, gardez en tête que la patience est une vertu précieuse au jardin. Un peu d’attente permet souvent d’éviter bien des déconvenues.
En résumé
Les Saints de Glace ne relèvent pas d’une simple croyance populaire : ils correspondent à une période bien réelle, souvent observée par les jardiniers et les agriculteurs depuis des générations. C’est un moment charnière entre les derniers soubresauts de l’hiver et la véritable stabilité du printemps.
Certes, les gelées deviennent plus rares à mesure que mai avance, mais le risque n’est pas nul. Et pour des végétaux sensibles au froid, comme les tomates, les courgettes ou les plantes aromatiques d’été, une seule nuit de gel peut suffire à tout compromettre.
C’est pourquoi attendre la mi-mai reste une règle de bon sens. Même si l’envie de jardiner est forte, mieux vaut patienter quelques jours que devoir tout recommencer. Les plantes bénéficieront d’un sol plus réchauffé, d’un climat plus doux et d’une reprise plus vigoureuse.
Au jardin, tout est question de rythme et d’observation. Savoir attendre, protéger si besoin, éviter de faire geler vos végétaux et planter au bon moment : voilà ce qui permet de préserver la santé du jardin et d’en profiter pleinement, saison après saison.
Cet article a été rédigé avec l’expertise de notre équipe de spécialistes Giammarino SA, paysagistes à Lausanne et la première jardinerie en ligne Gardencenter.
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